jeudi 8 mars 2018

De la méthode Sanderson : l’alpha lecture

Voici un petit retour d’expérience après avoir essayé pendant 13 semaines un groupe d’alpha lecture « sandersonien ». Maintenant, je comprends pourquoi Sanderson met autant en avant cette étape dans l’écriture tant les effets sont puissants.


Brandon Sanderson, auteur de Fantasy bien établi (dont je ne suis pas trop fan des livres au passage), est aussi professeur et donne des cours universitaires sur l’écriture de Sf et de Fantasy. J’ai longuement regardé ses vidéos que je trouve très bien : c’est un professeur clair et structuré qui explique avec générosité toutes ses méthodes ainsi que ses expériences dans les littératures de l’imaginaire.

Un des éléments obligatoires de ses cours pour les étudiants qui les suivent est la mise en place de groupes d’alpha lecture pour les aspirants auteurs. Lui-même, en tant que professionnel établi, continue à utiliser un groupe Alpha qu’il juge indispensable dans son travail. La structure de ces groupes est expliquée ici :


Donc, 4 d’entre nous avons mis en place un groupe de lecture alpha hebdomadaire soumettant entre 1000 et 4000 mots (pour les nouvelles) chacun. Notre structure est de prendre un texte à la fois, de faire un premier tour de table sur ce qui nous a plu, puis un deuxième sur ce qui n’a pas marché et enfin une phase où l’auteur peut poser des questions ou faire des commentaires. Nous avons utilisé la règle d’or de Sanderson : la personne dont le texte est passé en revue ne peut pas parler. Globalement, cela marche bien, même si la structure est perfectible. À 4, cela nous prend 20 à 30 minutes par texte. Nous avons remarqué que la longueur du texte n’affecte pas directement le temps passé dessus - c’est de l’alpha, donc la syntaxe n’est pas abordée, au profit des éléments structurels et des problématiques de compréhension.

Comme l’indique Sanderson, la qualité et la précision des retours évoluent avec l’expérience des participants. Néanmoins, dès le début l’utilité du processus m’est nettement apparue. À mon niveau, j’ai utilisé environ 80% des commentaires sur mes textes (Sanderson lui n’en n’utilise plus que 30%) qui dans mon cas concernent la plupart du temps : les motivations des personnages qui me semblaient évidentes et qui ne le sont pas, des éléments de l’histoire mentionnés trop légèrement et qui ont été oubliés ou encore des éléments sur lesquels les lecteurs veulent en apprendre plus.

Cela m’a permis de tout de suite corriger le fond et la structure sans stresser sur le produit fini et de m’occuper de la forme plus tard, au niveau de la Beta. Cela a rendu mon travail plus efficace et plus méthodique sur les différentes étapes d'un texte. Sanderson dissocie clairement les étapes d’Alpha et de Beta lecture dans son processus de travail expliqué ici :


Autre effet majeur du groupe d’Alpha, annoncé par Sanderson: la mise en place d’un circuit de production et d’écriture. Rien qu’avec la soumission hebdomadaire, il me semblait évident qu’il allait falloir écrire régulièrement de nouveaux textes. Mais l’effet est en fait beaucoup plus profond que ce à quoi je m’attendais : c’est toute ma structure d’écriture qui se retrouve impactée et qui doit être revue et optimisée. En effet, non seulement il faut envoyer de nouveaux textes qu’il faut écrire, mais aussi les retours d’alpha s’accumulent rapidement et il faut planifier du temps pour les traiter et revoir les textes, puis les lancer dans un circuit de Bêta. Aussi, apparaissent les contraintes de calendriers décalés dues aux différentes longueurs de texte (il faut plusieurs mois pour passer entièrement un novella en alpha avant de commencer à la reprendre tandis qu’une nouvelle passe en une fois) et la nécessité de faire avancer simultanément plusieurs textes à différentes étapes tout en continuant à avoir suffisamment de matériaux nouveaux à présenter.

Bref, c’est finalement sur ce point que le groupe d’alpha a eu son impact le plus profond pour moi: il m’oblige à structurer mon activité d’écriture en plusieurs cycles simultanés.

J’ai été étonné de voir que ma chaîne de production est maintenant assez similaire à la sienne (lui sur des pavés moi sur de petits textes), ce qui dans le font fond était prévisible - les mêmes causes amenant les mêmes effets.

En conclusion, le groupe d’apha sandersonien est vraiment un excellent outil, qui demande pas mal de travail, mais que je conseils vivement.

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